Entre l’Ascension et la Pentecôte, l’Église nous propose le chapitre 17 de l’évangile de Jean, et plus particulièrement la conclusion de ce chapitre en cette année C. Ce texte est communément appelé ‘la prière sacerdotale’. Il est situé à la fin du dernier repas de Jésus avec ses disciples juste avant l’entrée dans la Passion. Jésus ne s’y adresse pas à ses disciples mais à son Père, d’où sa qualification de prière. Jésus y opère déjà une Ascension avant la lettre : non pas une ascension physique comme l’illustre bien souvent une imagerie traditionnelle, mais une Ascension spirituelle. Jésus rejoint le Père et lui présente déjà le bilan de sa mission alors que le dernier acte, l’ultime offrande de Jésus, n’est pas encore accompli mais se présente déjà de façon inéluctable. Par trois fois, il rappelle son lien fondamental avec le Père qui l’a envoyé. Par trois fois également, il exprime le vœu que tous soient Un : il est bon de rappeler que le vœu n’est pas un simple souhait mais un engagement de vie. C’est bien là l’engagement de Dieu que Jésus réalise. Et dans son bilan, Jésus souligne encore une 4e fois : que cette unité soit parfaitement accomplie.
Que ce vœu d’unité soit exprimé en une prière peut surprendre. En effet, toute prière suppose une communication entre l’un et l’autre. Et c’est en effet bien d’une telle unité qu’il s’agit : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. » Jésus et le Père ont leur identité propre, mais une identité unie par un lien d’amour fort. On est bien loin de l’unité de la tour de Babel : une seule langue pour porter un seul discours qui exclut donc toute communication et qui parle pour ne rien dire en quelque sorte. L’unité dont il est question dans la prière de Jésus implique l’altérité et annonce déjà la Pentecôte : contrairement à Babel, désormais tous se comprennent malgré la diversité des langues.
‘Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. » voilà l’unité que Jésus réalise, une unité qui implique l’altérité et établit une communication entre l’Un et l’Autre enracinée dans l’amour qui unit Jésus à son Père.
Jean