« L’Évangile de ce dimanche contient l’une des paroles les plus typiques et fortes de la prédication de Jésus: « Aimez vos ennemis« … Pourquoi Jésus demande-t-il d’aimer ses ennemis, un amour qui dépasse les capacités humaines ? En réalité, la proposition du Christ est réaliste, car elle tient compte du fait que dans le monde il règne trop de violence, trop d’injustice, et que par conséquent, on ne peut surmonter cette situation qu’en lui opposant un supplément d’amour, un supplément de bonté. Ce « supplément » vient de Dieu, c’est sa miséricorde qui s’est faite chair en Jésus et qui seule peut « faire basculer » le monde du mal vers le bien, à partir de ce « monde » petit et décisif qu’est le cœur de l’homme.
Cette page de l’Évangile est considérée, à juste titre, comme la « grande charte » de la non-violence chrétienne, qui ne consiste pas à se résigner au mal mais à répondre au mal par le bien (Rom 12, 17-21), en brisant ainsi la chaîne de l’injustice.
On comprend alors que pour les chrétiens, la non-violence n’est pas un simple comportement tactique, mais bien une manière d’être de la personne, l’attitude de celui qui est tellement convaincu de l’amour de Dieu et de sa puissance, qu’il n’a pas peur d’affronter le mal avec les seules armes de l’amour et de la vérité.
L’amour pour l’ennemi constitue le noyau de la « révolution chrétienne », une révolution qui n’est pas fondée sur des stratégies de pouvoir économique, politique ou médiatique.
Un amour qui ne s’appuie pas, en définitive, sur les ressources humaines, mais qui est un don de Dieu que l’on obtient uniquement en faisant confiance sans réserves à sa bonté miséricordieuse.
Voilà la nouveauté de l’Évangile, qui change le monde sans faire de bruit.
Voilà l’héroïsme des « petits », qui croient dans l’amour de Dieu et le diffusent même au prix de leur vie ».
Pape Benoit XVI (Angelus du 18.02.2007)
Ce texte est cité par le pape François dans son Message pour la Journée de la Paix 2017