Septième Dimanche de Pâques
Le temps qui s’écoule entre l’Ascension et la Pentecôte est un temps vide, un temps où il semble ne rien se produire : nous voyons les apôtres rassemblés avec Marie au Cénacle pour prier. Or si prier ne fait pas de bruit, il s’agit pourtant d’une action très active et très fructueuse, susceptible de porter beaucoup de fruits.
Lorsque les apôtres viennent se plaindre auprès du Maître et qu’ils disent qu’ils ne parviennent pas à chasser certains démons, Jésus leur répond que certains démons ne se chassent que par le jeûne et la prière. C’est en priant longuement que l’on se purifie d’abord de toute demande purement matérielle et intéressée et que l’on acquiert ensuite la force de caractère pour dominer sa volonté et être plus fort dans les tentations.
Dans toutes ses apparitions, la Très Sainte Vierge a d’ailleurs toujours insisté pour que l’on prie et que l’on prie même beaucoup. C’est que la prière nous arrache à ce monde et à ses vues tellement humaines et étriquées. Les yeux levés au Ciel comme le faisait Jésus nous dit l’évangile de ce jour, détachés de la terre, nous entrons en contact avec un autre monde,
un monde où l’on apprend à se calmer et à voir les événements de notre vie d’une manière différente que ce que nous voyions d’abord d’une manière parfois remplie d’amertume ou de colère. C’est à une véritable ascension spirituelle que nous sommes conviés chaque fois que nous prions. La prière met un frein à notre orgueil, elle peut véritablement nous transformer et rendre des choses impossibles soudainement réalisables.
Dieu aime en outre nous voir nous rendre petit et dépendant devant Lui, car la prière est le seul instrument où nous savons que ni notre argent, ni nos titres ou notre haute fonction seront susceptibles de nous accorder infailliblement ce que nous demandons comme lorsque avec notre portefeuille remplis de gros billets nous nous procurons tout ce que notre cœur désire.
S’il y a bien une chose qui me frappe lorsque je revois des images de Jean-Paul II, c’est de constater l’intensité, la longueur et le sérieux avec lequel il s’appliquait à prier.
C’est comme s’il était happé par un autre monde. Nous aussi frères et sœurs nous sommes appelés à prier ; et peut-être qu’il nous faut sans cesse apprendre à mieux prier. Car il y a des prières qui sont trop courtes ou qui se limitent à des formules toute faites ou qui sont faites à la va-vite ou avec tant de distractions parce que les soucis du monde nous absorbent beaucoup trop l’esprit. Songeons nous vraiment que c’est devant Dieu, le Roi des Rois que nous nous trouvons quand nous prions ? Que diraient nos supérieurs si nous les traitions de la même manière désinvolte avec laquelle nous allons parfois trouver le Seigneur pour l’assaillir de demandes parfois aussi inutiles qu’irrespectueuses ?
Si nous ne sommes pas appelés à prier comme des moines, nous sommes néanmoins tous appelés à la prière; c’est là une vocation universelle donnée à l’humanité. Celui qui dit qu’il n’a pas besoin de prier, n’a probablement pas la foi et donc n’a probablement jamais découvert Dieu non plus.
Ne laissons donc jamais passer une journée dans notre existence sans avoir été invoquer Celui dont nous tenons la vie et sans Lequel nous ne ferions certainement pas ce qui nous occupe parfois tellement et nous détourne parfois tant de la prière ! Apprenons à nos enfants et petits-enfants à prier et montrons leur nous-mêmes l’exemple. C’est en nous voyant nous mêmes y accorder de l’importance qu’ils apprendront eux-mêmes à estimer la prière et à lui accorder la place nécessaire dans leur existence. Mettons l’Eucharistie au cœur de notre semaine et puisque les bonnes choses ne font décidément jamais de tort, pourquoi pas même de nos journées si nous en avons le temps. Recevoir le Corps de Jésus nous fortifie dans les épreuves de la vie. Et puis prions Marie comme les apôtres qui étaient au Cénacle avec elle. Disons le chapelet où nous pouvons si bien mêler tant de nos propres intentions à celles des mystères de la vie de Notre Seigneur et de sa Mère, invoquons les saints, plaçons leurs images dans nos demeures et faisons brûler des cierges qui sont l’expression symbolique de la longévité de notre prière.
Frères et sœurs, il y a beaucoup de façons de prier, d’aller vers Dieu. Que Dieu le Saint Esprit, sans Lequel aucune prière n’est possible, vous donne de pouvoir prier de telle façon que votre prière soit agréable au Seigneur et que Marie qui est l’instrument privilégié de Jésus et Celle dont la prière Lui est le plus agréable, vous accompagne sans cesse dans votre prière.
Père Mohan