« Pour se préparer à une véritable rencontre avec l’autre, il faut un regard aimable porté sur lui. » Pape François, Amoris laetitia
« Un monde nouveau va fleurir, ne le voyez-vous pas ? » chantons-nous parfois durant nos célébrations. Au quotidien, nous voyons surtout les drames innombrables qui secouent notre humanité et notre planète. Pourtant, Isaïe nous annonce que les peuples vont changer : de leurs épées ils forgeront des socs, et de leurs lances des serpes. Si nous ouvrons bien les yeux, nous pouvons le voir, ce peuple à l’œuvre, dans de multiples initiatives de paix, de fraternité, de construction d’un avenir différent. C’est là que nous pouvons rencontrer Dieu et nourrir notre Espérance, pour voir plus loin, pour imaginer ce monde nouveau et nous atteler à le faire naître dès aujourd’hui.
Durant l’Avent, nous sommes invités à nous mettre en marche, à arpenter la terre pour en découvrir les ressources. A partir à l’aventure en quête de sens, à la rencontre de tout ce qui accroît la vie. Le but de l’entreprise est clair, mais le chemin, lui, n’est pas « tout fait ». On connaît la direction, mais la route reste à inventer. A nous de garder le cap – ou de tenir le gouvernail, comme Noé –, confiant dans le fait que des signes existent ici ou là qui nous confirmeront dans la bonne voie que nous avons prise. Comme les éclats disponibles de la Terre Promise ou du Royaume vers où nous mène notre Voyage.
Et pour bien s’orienter, peut-être s’agirait-il de commencer à se poser les bonnes questions sur Dieu. Manifestement, ni Isaïe, ni Matthieu n’ont l’air de se préoccuper beaucoup de savoir si Dieu existe, ni qui il est, ni même comment le nommer : ces questions, ils les laissent en pâture aux philosophes. Ce qui les intéresse, par contre, c’est de se mettre en marche, de venir, de monter, de suivre des sentiers (pour le dire comme Isaïe) ; ou encore, c’est une maison que des voleurs menacent de cambrioler et aussi un moment, une heure particulière où quelque chose de crucial va se passer.
Ce qui signifie que la question de Dieu, c’est d’abord la question d’un lieu de rencontre, d’un lieu où contracter des accords de paix, où forger des socs avec des épées et des faucilles avec des lances. Où trouve-t-on Dieu ? Où le rencontre-t-on ? Telles sont les questions fondamentales : celles du lieu de Dieu. Elles invitent à laisser tomber les préjugés selon lesquels on ne pourrait rencontrer Dieu qu’en tels lieux convenus par l’usage, la tradition, la bienséance, etc., pour se mettre à le chercher essentiellement là où il nous précède, là où se concluent des accords de paix – dans l’échange, le dialogue, le service d’autrui, les œuvres de justice et de développement durable. Car, si Dieu est amour, n’est-ce pas dans son amour réel, concret que l’homme peut le rencontrer ? Sur le lieu d’un événement, où se produit quelque chose ou quelqu’un, une présence réelle ?…
Extrait de « Pistes pour un Avent Solidaire »
Edité par Action Vivre Ensemble et selectionner par Jean O.